[RP] Une Histoire du Walhalla

Une histoire du Walhalla


La fondation du Walhalla, vue par Shashoune, en plein d'épisodes !

La nuit était froide et venteuse dans les rues de Brakmar.

La mince silhouette encapuchonnée se faufila entre deux maisons, rasant les murs, en direction de la taverne du Chat Brûlé. D'elle, on ne devinait pratiquement rien, les rues étant très sombres et la silhouette plus sombre encore, si ce n'est la longue queue qu'elle n'avait pu cacher sous sa cape. Elle s'arrêta soudain, ses moustaches frémissant dans l'air nocturne, et prestement, sauta par-dessus un enclos de dragodindes et se cacha derrière un abreuvoir. Bien lui en prit ! Huit gardes brakmariens arrivèrent pour faire leur ronde... La silhouette les suivit de ses yeux en amandes étrangement luminescents, puis recommença à marcher vers la taverne. Ses oreilles s'agitaient en tout sens par prudence...

L'être finit par arriver sans encombre en vue de la taverne. Là, il se posta dans un coin, se fondant parmi les ombres, à l'abri du regard des gardes, serra sa cape autour de lui et commença à attendre.
Attente qui ne fut pas bien longue... Du coin de l'oeil, il vit arriver une jeune femme portant arc et carquois, blonde et mignonne à croquer, et un fin sourire joua sur ses lèvres. "Pile à l'heure" pensa-t-il. La jeune archère pénétra à l'intérieur de la taverne et la nuit retomba dans le silence, uniquement entrecoupée par le bruit des ronflements des dragodindes dans leurs enclos. La silhouette ne bougea pas et continua son patient guet.
La porte de la taverne se rouvrit et reparût l'archère, qui dit alors tout haut :
"Tu peux venir sans crainte, Aznar, la voie est libre !"
La silhouette nommée Aznar fut à ses côtés en trois bonds souples et gracieux. Il cligna ses yeux luminescents, fit un sourire charmeur à sa compagne et commença à ronronner. Celle-ci lui jeta un regard glacial :
"Ça suffit, nous n'avons pas le temps de nous amuser, nous devons rentrer dans la taverne afin de ne pas faire attendre notre hôte !"

Dépité, Aznar haussa les épaules et suivit l'archère dans la taverne. Celle-ci le guida au fond de la pièce, appuya sur une brique du mur et un passage éclairé par des torches s'ouvrit devant eux. D'un regard, l'archère intima à son compagnon de la suivre, et ils s'engagèrent silencieusement dans le passage. Aznar regarda la jeune femme marcher devant lui, et soupira de frustration en pensant à tout ce qu'ils auraient pu faire dans ce passage... comme tuer toutes les araknes et rats peuplant le monde souterrain de Brakmar !

Ils débouchèrent dans une petite salle où flambait un joyeux feu dans l'âtre assez grand pour accueillir un mulou entier. La pièce était confortable, intime et chaleureuse. "Surprenant pour une pièce d'une maison de Brakmar" pensa Aznar ! Des fauteuils étaient disposés autour d'une table basse où des verres et un bol étaient posés, ainsi que quelques bouteilles et quelques gatrools au fromage.

Une porte s'ouvrit dans le fond de la pièce et apparut un vieil homme portant un plateau d'argent dans ses mains. Une forme recouverte d'un tissu miroitant se trouvait au milieu du plateau, et le vieil homme posa précautionneusement son fardeau sur une petite table à l'écart.
Une fois ceci fait, il se tourna enfin vers les deux compagnons :
"Bienvenue mes amis, asseyez-vous, je vous en prie" dit-il en montrant les fauteuils d'un geste de la main. "Mais permettez-moi tout d'abord de vous débarrasser de vos capes et chapeaux".

Adelk et Aznar se regardèrent et dévisagèrent ensuite le vieil homme en réfléchissant. De lui, ils ne connaissaient absolument rien, si ce n'est qu'ils pouvaient lui faire confiance sans qu'ils sachent bien pourquoi... Une force mystérieuse, une voix mystérieuse les avaient guidés jusqu'ici en ce jour, et ils savaient instinctivement qu'ils n'avaient rien à craindre, bien qu'il fût toujours dangereux de ne se fier qu'à son instinct dans le Monde des Douze !
Il est vrai aussi que le visage ridé et parcheminé, les cheveux blancs comme neige, les yeux bleus pétillants de gaieté et le large sourire édenté du vieil homme inspiraient la confiance.

C'est pourquoi, Adelk, après un dernier regard à Aznar, se débarrassa sans autre hésitation de ses vêtements d'extérieur et les tendit au vieil homme. Aznar, pour sa part, enleva son chapeau mais ne put se résoudre à se défaire de sa cape...

Le vieil homme lui sourit : "Je pense que tu peux aussi retirer ta cape, mon petit, tes ailes n'ont rien à craindre dans cette pièce".
Aznar se détendit imperceptiblement, se demandant comment le vieil homme pouvait savoir autant de choses sur eux, ce qui ne le rassura pas vraiment, mais dénoua les lacets qui retenaient les pans du tissu et retira son dernier rempart de tissu contre les yeux brakmariens.

Aussitôt, dans un froissement doux de plumes, ses ailes d'un blanc pur se remirent en place ; il les fit jouer deux trois fois pour les dégourdir et soupira d'aise, tout en surveillant du coin de l'œil le vieil homme. Celui-ci prit sa cape avec un petit sourire et rangea les vêtements sur le porte-manteaux.

Que faisait donc cet ange à Brakmar ???
Adelk n'ayant pas d'ailes, elle n'avait eu aucun problème pour venir... Aznar, c'était autre chose. D'autant qu'ils étaient l'un et l'autre de peu d'expérience, dépassant à peine le niveau 30 de leur vie ! Dangereux à ce niveau pour un ange de se promener en plein Brakmar ! Ce n'était pas à proprement parler d'une promenade de santé... Mais curieusement, il n'avait eu aucun problèmes et il avait été assez malin pour ne pas passer par le nord, par le pont, mais par le sud, ou l'on pouvait plus facilement passer inaperçu ! Alors pourquoi prendre tant de risques pour venir ici ? Et bien, ils n'en savaient fichtre rien !!!

Juste cette force, juste cette voix qui avait parlé dans leur tête, et ils n'avaient pas pu résister à cet appel... Une voix qui les incitaient à venir en ce lieu, en ce jour, en cette heure... C'était étrange et déroutant, déconcertant mais Adelk étant très curieuse et Aznar étant un chat (qui comme tout le monde le sait sont très très curieux de nature !), ils avaient donc décidé d'un commun accord d'obéir à cette voix.

Le vieil homme vint s'asseoir dans un des fauteuils et se présenta :
"Je me nomme Zeland Zidancus, et nous sommes ici pour quelque chose de très important, qui aura des répercussions sur les années à venir, mais avant tout, que voulez-vous boire mes amis ?"

Adelk et Aznar se regardèrent, abasourdis... Comment pouvait on passer ainsi du coq à l'âne ? Voilà qui avait éveillé leur curiosité déjà très forte (rappelez-vous, le chat, la nature et tout...) et Zeland, qui avait le sourire d'un enfant de choeur sur le visage, attendit la réponse à sa question.

Aznar lorgna en direction de la table, plus précisément vers le bol posé dessus. Ses sens olfactifs de chat ne l'ayant pas trompé, il demanda alors un bol de lait, se léchant les babines d'avance. Adelk, regardant ouvertement les différentes bouteilles, se prononça pour une bière d'Amakna, en étant très friande (elle ne pouvait en boire trop souvent, cette bière émoussant les réflexes, ce qui était une chose qu'on pouvait rarement se permettre dans le Monde des Douze !).

Une fois ses invités servis, Zeland posa une question en se tournant vers Aznar :
"Avant tout, dis-moi pourquoi tu as choisi les ailes blanches ? Te sens-tu vraiment l'âme d'un ange ?"

"Heu... L'âme d'un ange ? Non pas particulièrement. Mais quand je suis arrivé dans ce monde, j'ai vu qu'il y avait des anges et des démons. Etant foncièrement bon par nature, j'ai naturellement opté pour le blanc. Mais je m'aperçois au fil des jours que les ailes ne montrent pas souvent la vraie personnalité de celui ou celle qui les portent. Je vois très souvent des anges réagir comme des démons et vice-versa... Voilà..."

Zeland parut satisfait de sa réponse. Se tournant vers Adelk, il lui demanda si le fait qu'elle soit neutre était un libre choix de sa part.

"Bah je me sens mieux en neutre" répondit Adelk. "J'ai porté aussi des ailes blanches pour suivre mon compagnon mais je me faisais agresser à tout bout de champ par des démons, et je perdais tout le temps. Comme j'en avais assez, j'ai préféré redevenir neutre, et je ne m'en porte pas plus mal depuis. Voire mieux !"

Zeland hocha la tête, apparemment aussi satisfait de sa réponse. Il se leva, et alla chercher le plateau recouvert du tissu miroitant. Il déposa le plateau sur la table et découvrit l'objet qui s'y trouvait. Adelk et Aznar écarquillèrent les yeux, éblouis ! Devant eux, se trouvait une magnifique pierre précieuse bleue qui brillait de mille feux ! Elle n'avait pas la couleur du saphir, qui est bleu foncé, mais était d'un bleu-vert soutenu... Cette pierre avait plusieurs facette qui brillaient plus ou moins fortement selon l'angle de la pierre par rapport à la lumière.

"Qu'est-ce ?" demanda Adelk, dont les yeux brillaient (réaction tout à fait normale pour toute femme qui se respecte, me direz-vous !)

Zeland sourit et précisa : "Cette pierre est une Guildalogemme... C'est une pierre assez rare qui tombe parfois d'un monstre, mais il faut être chanceux."
Lisant la muette interrogation dans les yeux de ses invités, Zeland continua :
"Cette pierre est magique... Elle seule peut vous permettre de créer votre propre guilde... Sans elle, pas de guilde."

Adelk hocha la tête. Oui, elle se souvenait avoir vu des personnes avec des noms de guilde au-dessus de leurs noms. Elle avait vu beaucoup de guildes différentes, mais n'avait jamais vu de Guildalogemme. Mais entrer dans une guilde ne l'intéressait absolument pas. La créer, par contre...

Aznar posa alors la question qui se devait d'être posée :
"Qu'attendez-vous de nous, Zeland ?"

Alors Zeland parla...

"En l'an 635, les guildes ont été créées par Allister, en souvenir de ses exploits passés. Les aventuriers du monde des Douze pouvaient dorénavent se réunir, se consulter et s'entraider pour conquérir des territoires ou les terribles Dofus. Chaque classe honore son Dieu depuis cette même date.
Vous savez que le démon majeur de Brâkmar est Rushu. Je suis personnellement l'un de ses fidèles. Je me suis reconverti il y a de cela plusieurs centaines d'années pour le servir. C'est un Dieu cruel, exigeant, mais qui récompense largement ses sujets les plus loyaux. Je me suis reconverti car comme tu disais tout à l'heure, Aznar, les ailes ne reflètent bien souvent pas la personnalité de celui qui les porte. J'ai été déçu plus souvent qu'il n'en faut par des ailes blanches, je suis donc passé de l'autre côté et bien m'en a pris. Les démons sont généralement honnêtes, loyaux, et impartiaux, contrairement à ceux qui se font passer pour "ange" !
Enfin. Toujours est-il que j'ai été investi d'une mission par mon seigneur Rushu, qui est d'une importance capitale dans l'avenir de notre monde. Je dois trouver des adeptes de Rushu, dignes de confiance, pour créer des guildes exclusivement démoniaques, totalement interdites aux anges. Les neutres pourront y avoir accès, bien évidemment, mais arrivera un temps ou il leur faudra choisir leur camp.
Ce temps-là arrivera bien plus tôt qu'on ne le croit, et alors aura lieu une terrible et sanglante guerre entre les deux cités Brâkmar et Bonta... Une énième guerre, mais celle-ci sera différente, celle-ci sera ultime..."

Zeland s'arrêta de parler, portant à ses lèvres un breuvage doré et fermant les yeux de plaisir.

Aznar regarda Adelk, lut la même question dans ses yeux, et demanda à Zeland :

"D'accord, la guerre ultime se prépare ! Mais qu'avons-nous à y voir ? Je suis ange, ma femme est neutre et nous ne connaissons pas de démons sympas avec qui créer une guilde. Qui plus est, nous sommes tout jeunes aventuriers, nous n'avons pas la force nécessaire pour affronter des hordes d'anges !"

Zeland le regarda, ses yeux pétillants se plissèrent alors qu'il souriait avec bonhommie.

"J'y viens mon cher Aznar. Vois-tu, la guerre ultime se prépare mais nous n'en voyons que les prémices. Elle aura lieu le jour ou tous les Dofus seront réunis, ce qui n'est pas demain n'est ce pas ? Mais ça risque de vite arriver et il faut nous y préparer maintenant.
Cette force supérieure qui vous a guidé jusqu'à moi, je ne sais pas ce qu'elle est, mais elle m'a montré une partie de votre avenir et je sais que vous serez des combattants exceptionnels, tant en force qu'en sagesse. C'est pourquoi Rushu vous a remarqué qu'il m'a demandé de vous parler et de vous convaincre."

D'un geste de la main vers la guildalogemme, il continua :

"Vous allez créer votre guilde, vous deux et trois autres personnes. Une est toute jeune dans ce monde. Les deux autres, il vous faudra aller les chercher dans les limbes. Ce sera dangereux, pour vous comme pour elles, mais vous y arriverez. Ce sont d'anciens aventuriers qui ont déjà créés une guilde qui marchait fort bien. Ils vous guideront, vous aideront.
Cette force supérieure les a endormis, et conduits dans les limbes ou ils errent l'un et l'autre sans jamais retrouver leur chemin. Vous les guiderez jusqu'à vous, vous les appelerez, mais attention, le danger rôdera, il faudra être très prudent.

Une fois que vous serez avec eux, vous irez trouver la cinquième personne, une petite Eniripsa du nom de Lliloune. Lliloune vous sera indispensable, ne serait-ce que par son don pour la diplomatie, sans compter ses autres qualités. Vous verrez, elle est très gentille et adorable et vous l'aimerez comme une soeur.
Vous avez rendez-vous avec cette jeune personne demain soir en un lieu et à une heure que je vous communiquerai plus tard.

Les deux autres se nomment Torpheen et Shashoune. Torpheen est impétueux, toujours prêt à la bagarre mais sait faire preuve de réflexion. Il est aussi très altruiste, et c'est un Sacrieur. Shashoune est plus mûre, plus posée et très protectrice, et c'est évidemment une Fécatte.

Toi Aznar, tu personnifies la force et la maitrise de soi. Adel, ton agilité, ton opîniatreté, ton habileté et tes flèches mortelles seront des atouts très précieux, n'en doute pas, même si pour le moment tu te sens faible par rapport aux autres, un jour tu seras très forte.

Vous allez donc tous les cinq créer votre guilde, libre à vous de choisir le nom, et vous rallierez beaucoup d'autres guildes démoniaques à votre, à notre cause. Je ne vous cacherai pas que ça va être dur, pas toujours marrant, il vous faudra faire des choix, pas toujours évidents. Il y aura des moments ou vous baisserez les bras, mais toujours votre force intérieure vous fera remonter la pente, toujours !"

Il s'interrompit pendant quelques instants, le temps de boire quelques gorgées d'hydromel, et laisser ainsi le temps à ses invités de digérer ses paroles. Comme ils ne réagissaient pas, il continua donc :

"Cependant, je dois vous dire quelque chose. En cours de route, vous serez abandonnés par Torpheen et Shashoune, pendant un certain temps. Oh pas de leur fait, mais parce qu'ils n'auront pas le choix. Mais il reviendront, ne serait-ce que pour l'affrontement ultime. Quant à Lliloune, elle sera toujours à vos côtés, vous épaulant, vous aidant, elle sera très utiles et essentielle à la guilde. Elle se mariera avec un Xélor qui comptera beaucoup pour vous... et pour nous !
Voilà... Maintenant, c'est à vous de décider. Vous êtes maitres de vos destins et si vous acceptez, je vous donnerai les indications nécessaires pour trouver vos amis..."

Il poussa un soupir et se renfonça dans son fauteuil, les regardant tour à tour, avec une expression bienveillante. Il voyait leurs interrogations se succéder sur leurs visages... Étonnement, peur, impatience, peur, étonnement...

Aznar prit les mains d'Adelk dans les siennes et la regarda dans les yeux. Il y avait peu de temps qu'il se connaissaient mais c'est comme si ils avaient vécus une autre vie, dans un autre monde, ensemble, depuis fort longtemps. Ils n'avaient pratiquement pas besoin de parler pour se comprendre et pour savoir ce que ressentait l'autre. D'un hochement de tête, Adelk fit comprendre à son compagnon qu'il pouvait répondre à la question de Zeland.

Alors d'un mouvement gracieux, Aznar se leva et se plaça devant cette pierre étrange et mystérieuse, qui scintillait de toutes ses facettes. Il la contempla longuement, moustaches frémissantes (c'est comme ça qu'on voit qu'un chat réfléchit intensément) et queue fouettant l'air.

Puis il se tourna vers Zeland.